Danse avec moi [Alex]

L’horloge sonna ses douze coups : minuit. Dans la capitale du monde sorcier, tous dormaient. Enfin tous, c’est vite dit. Les jeunes de la cité, eux, ne dorment jamais. La journée, ils vont en cours, travaillent ou cherchent un boulot, font leurs devoirs (ou pas), traînent entre amis… Bref, ils s’occupent. Et la nuit ?
La nuit, ils dansent.
A minuit donc, dans une boîte de nuit aux lumières colorées, une jeune femme se déhanchait au rythme de la musique. Fini le costume crème de jeune fille bien rangée. Elle arborait maintenant un bustier asymétrique blanc et une minijupe de cuir noir qui lui arrivait juste au-dessus du genou. Aux pieds, elle avait des ballerines noires à boucle blanche. Sa crinière blanche était rattachée en une queue de cheval haute par une espèce d’élastique serti de faux diamants… Des anneaux dorés pendaient de ses oreilles, et un collier en or lui serrait le cou. Dans ses yeux fardés de gris, il brillait une lueur due à sa consommation d’alcool.
Je ne dis pas là que Jezebel était saoule. Elle était simplement un peu pompette. Après tout, c’était le samedi soir et le restaurant était fermé les dimanches matins. Alors pourquoi ne pourrait-elle pas partir faire la fête avec des amis ?
Certains me diront peut-être « parce que ce n’est pas du style de Jez’ de faire la fête ». J’ai deux choses à répondre à ces gens là. D’une, elle n’est pas incapable de s’amuser : souvenez-vous, durant sa sixième année, ce bal donné par les professeurs Roméo et Darwen ? Elle avait même eu un de ses rares fous rires.
De deux, cinq et six ans s’étaient tout de même écoulés entre son départ de Poudlard et cette nuit dans le pub. Pendant toutes ses années, elle avait eu tout le loisir de changer. Ce qu’elle avait d’ailleurs fait.
N’allez pas croire qu’elle l’ait fait toute seule, comme ça. Non. Après la capture de son cousin Jago (à laquelle elle a par ailleurs participé), le gouvernement avait seulement réussi à cacher sa participation à la bataille. Tout le mérite en était revenu à son ‘pot de colle’ du moment, Nate Von Brandt. Autant dire qu’elle n’était pas mécontente du résultat. Seulement, son nom et celui du mangemort étant ‘étrangement’ similaires, cela n’avait pas échappé à ses amis Anthony et Ann. Ils avaient attendu la fin de sa scolarité pour lui en parler, ayant entre temps fait des recherches sur elle. Les résultats les avaient surpris, et, confrontées à de telles preuves, Jezebel leur avait tout avoué… Enfin tout. Elle leur avait seulement admis qu’elle était la cousine du fameux tueur. Et qu’il avait ‘failli’ l’entraîner sur la même piste qu’elle, mais que la mort d’un jeune homme lui avait permis d’éviter ce triste sort. Rien de bien traumatisant…
Immédiatement, les frangins avaient insisté pour qu’elle aille voir un psychiatre. Au début, la jeune femme avait refusé. Elle ne souhaitait pas qu’un parfait inconnu vienne fourrer son nez dans ses affaires, qui étaient plutôt… délicates. Mais après presque un mois de discussions persuasives, elle avait cédé. Après tout, elle ne risquait rien à essayer. Et si elle n’y arrivait pas, elle n’aurait qu’à arrêter. Ce n’était pas comme si elle était mentalement instable… Quoique. Il y avait des jours où l’on se posait la question.
La jeune albinos avait donc finit chez un certain M. Dave Bracken. La trentaine, beau comme un dieu avec ses cheveux bruns et brillants, qui lui tombaient sur des yeux verts feuille dangereusement intelligents, et des tâches de rousseurs adorables sur son nez. Le genre d’homme qui faisait craquer les filles, et qui le savait. Elle l’avait compris dès qu’il lui avait ouvert la porte, avec son sourire éclatant et son léger accent irlandais. Il avait été heureux en apprenant ses origines, et se dit enchanté de retrouver une ‘camarade du pays’, surtout si jolie. En d’autres circonstances, Jezebel aurait rougit, à la fois ravie et gênée du compliment. Mais quelque chose chez lui ne lui inspirait pas confiance. Elle avait tout de même senti le rouge lui monter légèrement aux joues.
C’était avec ce séducteur donc qu’elle avait rendez-vous une fois par semaine, pour lui raconter sa vie. Comme il était commis au secret professionnel, elle lui raconta tout. Absolument tout, de sa naissance jusqu’à aujourd’hui. Il le prit plutôt bien, en fin de compte. Et malgré cette légère anxiété qui ne la quittait jamais, elle s’y rendait sans fautes tous les mercredis.
Il avait tenté plusieurs fois de l’inviter au restaurant, mais elle avait toujours refusé. Elle ne souhaitait pas sortir avec son psy. Ça lui semblait bizarre, anormal…
Enfin non, il n’y avait pas que ça. Il y avait aussi le fait que son cœur appartenait depuis six ans à la même personne :
Nick
Je vous ai bien eu hein !? Ne soit pas vexé Nick, c’était juste qu’à force d’être si semblables, on pouvait finir par se poser la question… Mais non, ce n’était pas Nick Snake qu’elle aimait tant. C’était le meilleur ami de ce dernier : Alex Pirlo.
Lorsqu’elle l’avait rencontré à ce fameux pique-nique, en cinquième année à Poudlard, ils étaient deux personnes très différentes. Elle, une étrangère, déchirée entre son passé et son présent, incapable du moindre petit geste de compassion ; lui, un jeune dragueur qui se cherchait une nouvelle proie, sans se soucier des conséquences de ses actes…
En fait, leur rencontre avait commencé par un râteau. Alex l’avait approché et elle l’avait envoyé balader. Nick était venu excuser son ami, et elle avait tenté de faire un effort pour avancer. Ils avaient passé le reste du pique-nique à bavarder, et ils avaient marqué le premier pas d’une amitié qui deviendrait sans doute l’une des plus fortes au monde.
Alex n’avait pas laissé son premier râteau l’empêcher de vouloir conquérir le cœur de la Serpentard. Il en cumula bien d’autres d’ailleurs. Elle était comme un défi pour lui, qui n’avait jamais eu de problèmes avec les filles avant… Une adolescente qui lui résistait, c’était nouveau. Ça l’intéressait.
Il fallait dire que physiquement, Alessandro Pirlo était un beau spécimen. Voir très beau.
Grand avec une peau légèrement bronzée, athlétique et donc assez musclé (mais pas trop, après ça fait Musclor), il faisait immédiatement penser au cliché du dragueur italien. Quoique non, les dragueurs italiens on (du moins les Français que je connais) se les imagine toujours bruns, avec une petite barbe mal rasée sur le menton pour se donner l’air romantique (à moins que ce ne soit les Espagnols ça…). Or, tous ne sont pas comme ça. Voyez plutôt.
Alex n’était donc non pas brun, mais blond. Pas blond tournesol comme les gens du Nord, mais blond comme le blé sous un coucher de soleil (romantique n’est-ce pas ?), avec de jolis yeux noisettes. Et oui, noisette, pas bleus. Marrons si vous préférez. Mais marron, c’est banal, c’est bon pour les gens qui n’ont pas d’importance à nos yeux. Hors, lorsqu’on aime vraiment quelqu’un, ce qui est banal ne leur suffit pas. Noisette, c’est un adjectif inventé par quelqu’un pour une autre personne, à laquelle elle tenait énormément. Admettez que ‘noisette’ ça fait beaucoup plus joli, beaucoup plus poétique que ‘marron’. Marron, c’est la couleur de la terre, de la boue (des boulettes de bœuf à la cantine…), de la saleté quoi… Noisette, ça donne l’impression de quelque chose d’adorable, qui fait fondre le cœur, ça fait penser à la nature, à l’amour, etc. C’est une marque d’affection.
Outre ses cheveux blonds et ses yeux noisettes, il était vraiment mignon. C’était peut-être son caractère, avec son sourire charmeur et ses manières amicales, qui lui donnait une attitude à la fois charismatique et enfantine. Bref, il savait séduire. Et au bout d’un an, il l’avait séduite. Qui ça ? Et bien, elle. Jezebel. La Reine de Glace. Blanche-neige avait craqué pour Don Juan. Le couple le plus improbable de l’école s’était concrétisé.
Enfin, concrétisé c’était vite dit. Disons plutôt qu’ils s’étaient déclarés leur flamme. A un pique-nique d’ailleurs. Au même endroit qu’il s’était rencontré. Depuis cette fois là, beaucoup de choses avaient changées.
D’abord, leurs personnalités étaient différentes. Jezebel était plus… humaine. Plus douce, plus compassionnée, plus amicale, plus aimable aussi. Et Alex n’était plus un tombeur en série. Il était réellement tombé amoureux. Et il ne le savait pas, mais c’était réciproque. Bien sur, Jezebel ne risquait pas de l’admettre. Elle avait encore trop de problèmes pour cela.
C’était donc de nouveau Alex qui s’était lancé. Il avait pris le risque de se prendre un énième râteau. Mais ce qu’il ne savait pas, c’était qu’il prenait beaucoup plus de risques que cela.
Jezebel n’avait pas eu le cœur de l’envoyer balader. C’était pratiquement impossible, car ils éprouvaient les mêmes sentiments. Elle avait craqué pour son rire et ses mains, entre autres. Pourquoi ces détails en particuliers ? Aucune idée. Mais sait-on vraiment pourquoi on tombe amoureux de quelqu’un ?
Bref, il l’avait entraînée dans un coin, pour lui avouer son amour. Et elle, elle avait essayé de le dissuader de l’aimer. De quelle naïveté elle avait fait preuve… Croyait-elle vraiment qu’on pouvait s’arrêter comme ça d’éprouver de tels sentiments ? Elle aurait mieux fait de l’envoyer paître à nouveau. Sauf qu’il avait insisté. Et elle avait finit par lui admettre qu’elle l’aimait. Mais encore une fois, le destin s’en était mêlé, avec les résultats que vous devez connaître… Et il leur avait fallu attendre la fin de leur sixième année pour pouvoir réellement devenir un couple.
Une année, voilà le temps dont ils avaient disposé avant d’être à nouveau séparés. Une petite année seulement, pour pouvoir vivre pleinement leur amour. C’était ridicule. Oh au début, ils avaient bien essayé de tenir une relation longue distance, mais ils avaient du se rendre à l’évidence : bien qu’ils s’aimaient profondément, ça n’allait pas marcher. Alors ils s’étaient séparés. Parfois les meilleures décisions sont toujours les plus difficiles à prendre.
Qui sait qui des deux avait le plus souffert de cette séparation ? Tout ce qu’elle pouvait savoir, c’était le nombre de nuits où elle s’était endormie en larmes, une peluche qu’il avait gagné pour elle dans une fête foraine coincée entre ses bras. Pathétique. Mais c’était dur. Les chagrins d’amour c’est toujours dur.
Au bout de quelques mois, elle s’était reprise. Elle avait recommencé à sortir avec ses amis, à profiter de la vie. Elle s’était imaginé qu’elle retrouvait quelqu’un d’autre. Mais non. Elle avait eu plusieurs petits amis, mais ça n’avait jamais duré au delà de cinq mois. Au bout de plusieurs tentatives, elle avait accepté qu’elle ne trouverait peut-être personne. Alors elle continuait à aller en boîte, mais choisissait des personnes qui, comme elle, ne voulait rien de plus que s’amuser un peu. Comme le bel homme qui dansait en ce moment en face d’elle.
Jezebel sourit, et laissa le jeune homme poser ses mains sur sa taille. Elle continuait de bouger, sentant la musique dans ses veines. Visiblement, elle s’était trouvé un nouveau cavalier. C’était un étudiant de l’Université qu’elle avait déjà croisé plusieurs fois dans cette boîte.
La musique monta en crescendo avant de s’arrêter brutalement. Une nouvelle chanson s’entama, plus douce cette fois-ci. Jezebel baissa les bras, souhaitant faire une pause. Elle passa son bras dans celui du jeune homme et l’emmena jusqu’à une table à proximité du bar.

“Tu veux quelque chose à boire ?”
“Juste de l’eau… Je ne veux pas rentrer complètement saoule chez moi ce soir.”
“Si tu l’es, je me ferais une joie de te raccompagner.”

Jezebel sourit et le garçon se leva pour aller leur chercher à boire. Lorsqu’il revint, il tenait deux verres d’eau gazeuse dans ses mains. Visiblement, il lui semblait impoli de boire de l’alcool alors que sa cavalière se contentait d’eau. Cette dernière accepta gracieusement le verre qu’il lui tendait, et bu, tout en l’écoutant parler.
Pendant la demi-heure qui suivit, elle passa un moment très agréable. Le jeune homme était vraiment quelqu’un de gentil. Il avait de l’humour aussi. Ses remarques lui permirent de garder le sourire pendant toute la conversation. Vers onze heures et demie, il s’excusa et se dirigea vers les toilettes. Jezebel le regarda partir à travers la foule, ne cherchant pas à cacher qu’elle l’admirait… OK, elle le matait. Mais elle n’était pas Mère Térésa non plus.
Une fois qu’il eut disparu dans la masse de corps mouvants, elle retourna à une contemplation plus sage de leurs verres vides. Il ne fut donc pas totalement surprenant qu’elle sursaute lorsque quelqu’un d’autre s’assit en face d’elle.

Joueur de foot. Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 22/09/2007

"Salut Peter, ça va?
-Ouais et toi mon pote?
-Je répondrai à cette question à la fin de la soirée...
-Prêt pour la drague?
-Prêt pour la drague!"

L'italien fit une légère tape sur l'épaule du barman qui lui servit un verre de Gin Tonic, ce après quoi il se tourna vers d'autres clients qui venaient d'arriver. Un jeune homme demanda deux verres d'eau gazeuse, ce qui surpris au plus haut point Alex. Ce n'est pas courant de voir des personnes qui demandent de l'eau afin de rester sobre dans une boite de nuit. Enfin, passons...
Il but une gorgée de la boisson tout en scrutant la salle. Des filles, des taaaaaas de filles à attirer dans ses filets. Oh oui...
Depuis qu'ils s'étaient laissés avec Jez' et depuis le jour où il avait réussi à aller un peu de l'avant, son instint de dragueur avait repris possession de son corps, de son âme (ouuhhh j'écris que des conneries ^^')... Ca avait eu des conséquences en Italie. Combien de jeunes italiennes avaient sucombé à son charme? Surtout qu'étant devenu un célèbre joueur de foot, tous les espaces VIP des boites s'étaient ouverts à lui. Fantastique. Vous pouvez pas vous imaginer combien de filles il pouvait embrasser là-bas et puis... Les ramener chez lui, les attirer dans son lit... Bon, vous vous imaginez la suite quoi.
Evidemment c'était dépourvu de tous sentiments... Mais il avait besoin d'oublier, il avait besoin d'avoir quelqu'un à ses côtés, même si ce n'était que pour quelques heures.

Le jeune homme avala la dernière gorgée du verre, se sentant déjà beaucoup plus dans le bain. Il s'aventura alors vers le centre de la salle et commença à bouger son corps au rythme de la musique, trouvant bien vite une camarade de danse.
Les minutes passaient... Il n'y avait plus que la musique qui le préoccupait... Il souriait, rapondait aux regards de la jeune femme face à lui. Qui était-ce? Il s'en fichait. Des gouttes de sueur commencèrent à couler le long de son visage. Déjà? Depuis combien de temps était-il là? Une demi-heure? Une heure...
Le tout est qu'il commençait à ne plus se sentir très en forme. Les personnes devenaient floues devant lui, sa tête lui tournait... Il était peut-être temps de faire une pause. Il adressa un léger signe de tête à sa cavalière qui comprit que c'était sa dernière danse. Puis il se retourna et se dirigea vers le bar. La jeune femme avait déjà trouvé un autre homme auquel se racrocher.

"Un autre Gin Tonic steplait Peter.
-T'es sûr que c'est raisonnable Alex...?
-Je m'en fiche de si c'est raisonnable ou pas, resers en moi un verre.
-Mais et tes problèmes de sant...
-Peter! J'ai aucun problème ok?!"

L'homme l'observa encore quelques secondes avant de verser de nouveau les deux boissons dans un verre afin de produire ce mélange tant aimé de l'italien.
En fait le truc c'est qu'en Italie il avait eu quelques problèmes avec l'alcool. Lorsque Jez' et lui s'étaient laissés, même s'il savait que c'était la meilleure chose à faire, tout s'était écroulé autour de lui. Et malgré ce dont il essayait de se convaincre, il avait un peu abusé de la boisson. Ce qui lui avait un jour vallu un coma éthilique (jsais pas comment ça s'écrit en français désolé...). Le président de son club lui avait alors ordonné de se rendre en cure de désyntoxication... Mais...
Il avait réussi pendant longtemps à ne plus abuser de l'alcool. Sauf que là, revenir en Grande-Bretagne ça avait déclencé quelque chose. Il pensait beaucoup plus souvent à la seule personne qu'il ait véritablement aimé. C'était ce qui lui était arrivé au milieu de la piste, lorsque la musique tambourinait dans sa tête, une image... Une simple image... Et toute la magie de ce moment s'était envolée... Magie est un grand mot, mais on s'en fiche. Le truc c'est que même s'il savait qu'il ne faisait rien de mal, il n'était pas en paix avec lui-même. Jez' il l'aimait, encore maintenant elle occupait une partie importante de son coeur...
Il ne pouvait s'empecher de se dire qu'il aurait du se débrouiller pour que leur histoire marche. Il aurait du trouver un club en Grande-Bretagne. La distance n'aurait pas du être un problème. Mince quoi!
Rah pas besoin d'y penser maintenant...

Alex avala une autre gorgée de son Gin Tonic avant d'apercevoir une jeune femme assise seule plus loin. Allez, il faut se changer les idées.
Il n'avait pas fait attention à la peau pâle, aux cheveux blancs et aux yeux virant au rouge. Après tout, sur l'influence de l'alcool -même s'il était encore plutôt lucide- ce ne sont que des détails.
En arborant son plus joli sourire de dragueur il l'aborda, s'asseyant face à elle.

"Bien le bonsoir gente demoiselle. Permettez-moi d'avoir l'honneur de vous tenir compagnie."

Puis, inconsciemment il ajouta.

"Alessandro Pirlo, pour vous servir Miss."

"Bien le bonsoir gente demoiselle. Permettez-moi d'avoir l'honneur de vous tenir compagnie."
Jezebel leva les yeux, surprise. L’homme devant elle n’avait-il pas remarqué qu’elle s’était déjà trouvé un cavalier pour la soirée ? Soit il l’ignorait, soit il s’en foutait royalement... Mais elle ne dirait rien. Pourquoi ? Aucune idée. Après tout, elle aurait pu le rembarrer direct. Mais d’une, elle était sous l’effet de l’alcool – même si l’eau avait légèrement dégagé son esprit des vapes de la boisson – et de deux, l’homme était plutôt séduisant. Plutôt ? Non, en vérité il était très beau. Même si son sourire de dragueur l’énervait quelque peu...
Tant pis pour l’étudiant, qui avait par ailleurs disparu depuis dix minutes. Sympa. A tous les coups il était tombé sur une des harpies du coin. Le genre de fille prête à tout pour avoir un mec. Une étudiante dans le même cours que lui peut-être. Bref, il n’avait pas repointé le bout de son nez. Mais pourquoi parler de ce lâcheur lorsqu’on vient de se faire aborder par quelqu’un d’autre ?
Bref le quelqu’un d’autre était visiblement saoul. Il puait l’alcool. Imperceptiblement, l’albinos se rétracta un peu. Elle n’avait pas confiance en ces gens-là. Peut-être gardait-elle un mauvais souvenir de l’alcoolisme de son meilleur ami... Mais pas seulement. L’alcool c’était bien, super même, mais pas jusqu’à en abuser constamment. Le genre de personne qui cherchait à noyer leur chagrin dans un verre ne l’inspirait pas trop. Bien sûr, ils avaient sans doute de bonnes raisons, mais il n’empêche que c’était un peu trop facile. Et puis plus on buvait, le plus on voulait boire, pour continuer à oublier. Et la plus on continuait à oublier, le plus on buvait et l’horloge infernale se mettait en route jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un lambeau d’humain, une éponge vide qui cherche à se remplir de liqueurs diverses, sans espoir, sans but et sans souvenir...
Jez’ sourit cependant au jeune homme. Elle en profita pour le détailler. Yeux marrons, cheveux blonds coupés courts, athlétique, jolis minois... C’était – à peu de choses près – le portrait craché d’...
"Alessandro Pirlo, pour vous servir Miss."
Un seau d’eau froide n’aurait pas pu dessoûler plus radicalement l’ex-Serpentard. C’était un cauchemar... Non, pire qu’un cauchemar. Il était impossible que ce soit la réalité n’est-ce pas ? Combien de chances sur mille y avait-il pour qu’elle se retrouve nez à nez avec lui ? Parmi les milliards de personnes au monde, il avait fallu qu’ils se rencontrent à nouveau. Ce n’était pas qu’elle ne mourrait pas d’envie de le revoir, loin de là. Mais après une séparation difficile, dont on s’est tout juste remis (ou pas), revoir l’ancien amant, cela ne peut causer que des problèmes. Imaginez donc... Et la tension n’était qu’augmentée par l’était d’ébriété de celui qui fut son petit ami, qui ne l’avait même pas reconnu.
Un instant, elle fut clouée sur place, incapable de répondre. Si Alex avait réussi à comprendre la stupeur et la douleur qui se mêlait à la joie dans ses yeux, peut-être les retrouvailles se seraient-elles passées autrement. Cependant, la Mephisto baissa le regard, et dit d’une voix douce :

« Tu ne devrais pas être chez toi, Alex ? »

Soit, ce n’était peut-être pas la meilleure chose à dire. Mais qu’auriez-vous fait à sa place ? Auriez-vous vraiment été capable de vous jeter dans les bras d’un homme qui ne pouvait pas vous reconnaître, et lui dire que vous l’aimiez ?
... Je me disais bien que non.
Alors elle avait choisit la meilleure solution – pour elle. Et pour eux deux. Ils auraient peut-être l’occasion de se revoir, mais sans être saouls cette fois. De vraies retrouvailles, et peut-être définitives cette fois ci ?
Mais elle ne voulait pas le voir saoul. Parce qu’elle avait le sentiment d’être la cause de ses problèmes – comme toujours. Pourquoi tous ses amis tombaient-ils dans la déchéance lorsqu’ils la côtoyaient ? C’était terriblement cruel.

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« Tu ne devrais pas être chez toi, Alex ? »
Boum. Mort.

"Jez'..."

Sa voix n'était pas pleine de surprise. Il voulait cacher cette surprise, se sentant minable. Comment avait-il pu ne pas la reconnaitre. Minable... Minable...
Il baissa les yeux un instant. Donc, il avait prononcé cette syllabe "Jez'" avec une voix bizarre. C'est le cas de le dire. Lui-même ne pensait pas être capable de prononcer un mot avec cette voix, cette intonnation. Disons qu'on pouvait ressentir toutes ses émotions à travers ce nom. Mais ce n'est pas non plus le genre de truc stéréotypé... C'est un peu comme si sa voix s'était cassée pile au moment ou il avait reconnue son ancienne petite amie. La surprise qu'il avait essayée de cacher sûrement.
Pourquoi essayer de cacher cette surprise d'ailleurs. Le mal était fait. Elle l'avait reconnu et pas lui. Etrange situation. Horrible situation. Un cauchemar. Pourquoi avait-il avalé ce deuxième verre de Gin Tonic? Il aurait du écouter Peter. Après tout il avait raison. Il avait eu des problèmes de santé à cause de l'alcool... Pourquoi tout faire pour se replonger dedans?

Mais parce que le Gin Tonic c'est bon évidemment. --'
Conscience tu m'aides pas énormément là...

Il le savait. Il savait qu'il devait dire quelque chose. Mais dire quoi? Il ne pouvait pas remonter le temps. Alors que dire? Il aurait aimé la prendre dans ses bras. Lui dire "Je suis là maintenant, tout va être comme avant." Mais rien ne sera jamais comme avant.
Chacun a grandi, chacun a perdu cette innocence qu'ils portaient en eux lorsqu'ils avaient 16-17 ans. Et il venait de faire la plus grosse gaffe de sa vie toute entière. Pourquoi jamais rien ne se passe comme il l'aurait voulu. Ils auraient du vivre heureux, l'un avec l'autre.

"Je me sens terriblement stupide là..."

Bravo. Cette phrase va sûrement tout arranger Alex... Ha ha ha qu'est-ce que je t'aime foutue ironie.
L'italien n'osait même pas lever les yeux pour les plonger dans les Siens. Siens avec une majuscule mesdames et messieurs. Parce qu'elle est l'unique. Mais le sait-elle? Après tout, il devait l'avoir blessée en ne la reconnaissant pas. Et c'était normal. Parce que quand on aime plus rien ne compte. Même l'alcool. Ca ne devrait pas être un obstacle. Et pourtant ça l'est.

Et soudain... Oh non. Pas maintenant.
Nausée. Alcool ingurgité qui remonte. L'italien se leva brusquement. D'une voix saccadée il lâché un...

"J'...Je suis déso...lé."

Enfin il couru, légèrement recourbé, une main devant la bouche, vers la porte de sortie. Là l'air glacial de début novembre le frappa. Faut dire qu'il n'était qu'en T-shirt et que le T-shirt en question lui collait à la peau, légèrement humide de transpiration. Il appuya une main contre un banc et une autre contre la surface rugueuse qu'était le mur extérieur de la boite de nuit. Toujours penché en avant, ce qui devait arriver arriva. (Jvous évite les détails.)
Des larmes se formèrent dans les coins de ses yeux. Certes de la tristesse, mais surtout l'effet de l'alcool, de ce qui venait de se produire. L'effet des ces évènements qui s'enchaînaient les uns après les autres. Le jeune homme se passa une main sur le front pour se dégager des cheveux qui s'y étaient collés à cause de la transpiration. Puis cette même main vint essuyer ses yeux.
Il était toujours penché en avant, avec un rythme de respiration irrégulier, toussant de temps en temps. Il attrapa un mouchoir dans sa poche et essuya sa bouche. Puis il se redressa lentement, s'éloignant de l'endroit en question et jetant le mouchoir dans une poubelle. L'italien s'appuya contre un mur, se laissant glisser à terre, baissant la tête. Il sentait une présence qui l'observait au loin.
Jez'?
Aucune idée, il n'avait pas le courage de lever la tête.

Jez’ se leva et sortit en courant après Alex. L’atmosphère frigorifiant du mois de Novembre la frappa de plein fouet, mais elle ne frissonna pas ; ou du moins, elle ne s’en rendit pas compte. Ce qu’elle cherchait, c’était la silhouette du jeune homme qui venait de s’enfuir. Comparée à la chaleur de la boîte, la température extérieure lui donnait mal à la tête. Un changement aussi soudain donne toujours cet effet là. Si seulement elle avait pensé à prendre sa petite cape noire en sortant de chez elle ! Mais bon, Alex aussi devait geler à l’heure qu’il était. Dans l’obscurité complète de la ville, la jeune femme tira sa baguette et murmura un Lumos. Aussitôt une petite boule lumineuse vint illuminer son visage dont on ne distinguait jusqu’à présent que les contours les plus confus. Elle s’avança donc à la recherche de l’ancien Serpentard, anxieuse. Intérieurement, elle regrettait ses paroles. Elle aurait mille fois mieux fait de le raccompagner chez lui, dans un hôtel, n’importe où plutôt que de le laisser se rendre compte de ce qu’il venait de faire.
C’est toujours gênant de ne pas reconnaître quelqu’un. Mais ne pas reconnaitre quelqu’une que l’on a aimé pendant plusieurs années, c’est encore pire. Et même si Alex ne le savait pas, elle comprenait ce qu’il ressentait en ce moment. La honte, l’embarras, la colère contre soi-même... "Je me sens terriblement stupide là..." Et elle donc ! Elle le revoyait pour la première fois depuis six ans, et tout ce qu’elle réussissait à faire, c’était de le faire fuir ?
Finalement, elle l’aperçut. Il venait de rejeter tout ce qu’il avait dans le ventre, et s’adossait maintenant contre un mur non loin d’elle. Un instant, elle hésita. Etait-ce vraiment à elle de le rejoindre ? Il y avait sûrement quelqu’un de plus approprier à cette situation... Mais elle, elle voulait de tout cœur être à ses côtés. Alors elle s’avança lentement, jusqu’à arriver à côté de lui.
Le visage d’Alex était pâle dans la lumière de sa baguette, et son teint était encore légèrement blafard. Il aurait dû rentrer immédiatement, mais visiblement il s’en fichait magnifiquement.
Soudain timide, Jezebel s’approcha doucement pour n’être plus qu’à quelques centimètres de son bras. Elle leva la main pour toucher son épaule, main qui s’y posa soudain.

"Alex... Tu vas bien ?"

Ses yeux, levés vers le visage éteint de l’homme, étaient deux lacs miroitants qui reflétaient la baguette qui les éclairait tout deux. L’inquiétude se lisait très clairement dedans, ainsi que d’autres émotions plus troubles tourbillonnant dans les profondeurs de son âme. Elle se mordait la lèvre inférieure, visiblement aussi gênée que devait être son interlocuteur. Mais que dire dans ces conditions ? Les mots du cœur, ou les mots de la raison ? La raison dictait une conduite bien précise, qui bien que hasardeuse, promettait un meilleur déroulement que le cœur, qui lui, se reposait sur de simples désirs sans queue ni tête. Et c’était cette première fois qu’avait choisie la jeune femme aux cheveux blancs...

Joueur de foot. Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 22/09/2007

Le silence, le vent, la nuit et lui.
Réctification. La nuit, et eux. Parce que c'était bien Jez' qui se trouvait là près de lui. C'était bien elle qui venait de poser sa main sur son épaule et venait de lui demander si ça allait. Avait-il l'air d'une personne qui va bien? Non, sûrement pas. S'il se regardait dnas un miroir en ce moment précis, il verrait sûrement cette personne qu'il ne voulait pas être. Une personne qui se laisse dépasser par les évènements, qui n'arrive plus à se contrôler, à contrôler son corps, ses sentiments, ses sensations, emotions. Il devait sembler bien pitoyable assis là par terre, venant de rejeter tout ce qu'avait avalé son estomac. Et je vous assure que deux verres de gin tonic c'est pas énorme. Enfin, il avait fait bien pire, il avait résisté à bien pire.
Mais là... C'était tout ces évènements, ces rencontres qui s'enchaînaient qui l'avaient fait réagir de cette manière. Le retour en Grande-Bretagne après tant d'années. Quitter l'Italie, à nouveau. Savoir pertinemment qu'un jour ou l'autre il pourrait rencontrer les personnes qui avaient été à ses côtés au quotidien lorsqu'il était à Poudlard. Jez', Nick et compagnie.
Et voilà. Il avait raison.

Il ne l'avait pas reconnue. Mais pouvait-il se cacher derrière l'arguement de la boisson. Après tout, il était un peu saoul lorsqu'il l'avait approchée. Sauf que non, ce serait fuir. Fuir la réalité. Fuir la vérité.
Peut-être qu'en fait il ne l'avait pas reconnue parce que dans son inconscient il essayait de se convaincre qu'il n'allait pas la rencontrer, et que même s'il la revoyait leur histoire était finie. Enfin, voilà quoi... Foutu inconscient. Parce que des albinos, on en rencontre.
Oui. Mais... Jez', c'était Jez'. La première fille qu'il avait véritablement aimée. La première à qui il ait dévoilé ses sentiments tels qu'ils l'étaient. La première qui l'avait fait éprouver des réels sentiments amoureux. La seule et l'unique.

Cherchant à relever la tête, la lumière émanant de la baguette de son ancienne petite amie le frappa. Il baissa alors les yeux aussitôt. Ca faisait mal, mal à la tête. Après tout ce bruit, toutes ces lumières, cet alcool, ces espèces de tambours qui lui frappaient le crâne. Une migraine, une migraine incroyable.

"Tu... Tu peux baisser la lumière s'il-te plait...?"

Sa voix. La voix de Jez'. Ca lui faisait du bien de l'entendre après tellement d'années. Même si c'était dans de telles circonstances. Peu à peu il sentit la lumière s'abaisser, et il releva les yeux vers ceux de son interlocutrice. Quels yeux. Toujours aussi beaux. Toujours aussi profonds. C'était bien Elle.
Son coeur battait à cent à l'heure. Que dis-je, à mille à l'heure. Il la voyait, inquiète, troublée... Et puis il voyait tellement de choses... Mais il ne savait quoi penser. Après tout, ça faisait combien, cinq six ans qu'ils ne s'étaient pas vus? Tant de choses pouvaient avoir changé. Normal. Et la confusion qu'il pouvait percevoir dans son regard ne l'éclairait pas. Il ne voulait pas se faire d'idées. Il ne voulait pas penser tout court.
Alors il ne fit rien. Il ne posa pas une main sur celle de l'ancienne Serpentard. Il ne voulait pas précipiter les choses. Le jeune italien ne pouvait se permettre un tel geste. Ca pourrait tout gâcher. S'ils pouvaient encore devenir amis (oui, parce que Jez' avait peut-être un petit ami), une telle action détruirait tout. Et même s'il n'était pas sûr de pouvoir se comporter en simple ami avec elle, il ne pouvait se permettre d'envoyer tout aux oubliettes avant que ça ne commence.

Il amorça un signe de la tête. De sa voix encore un peu saccadée, faible, prononça un...

"Ca pourrait aller mieux."

Puis il appuya une main contre un mur, et une autre par terre, se fichant de si ça pouvait être salle ou pas. Et il se releva. Chancelant. Perdant presque l'équilibre, il se retint contre le mur. Ses yeux aussi reflettaient ses pensées. De la confusion surtout, et plus loin, un sentiment plus profond, plus réel, authentique. De la passion.
Il plongea un instant ses yeux dans ceux de la jeune femme. Et il prit peur, peur qu'elle ne comprenne tout. Etrange comme il se sentait faible en ce moment. Terriblement faible. Il ne s'était plus senti comme ça depuis des années. Depuis qu'il avait surmonté leur séparation.

"J'suis désolé que tu aies assisté... A une telle scène... J'en suis pas fier. Pour tout. Ce qui s'est passé dans la boîte surtout..."

Jezebel ne savait pas réellement à quoi elle s’attendait en posant sa main sur l’épaule d’Alex. Peut-être à ce qu’il la lui prenne ? C’était tout simplement un geste qui était devenu tellement habituel à Poudlard, qu’elle recommençait sans s’en rendre compte.~~Il fallait avouer qu’il avait de belles épaules tout de même...~~ C’était idiot ; elle était incapable de reconnaître l’homme qu’elle aimait depuis plus de huit ans, et pourtant elle reprenait des gestes quotidiens sans même y penser. Quelle ironie... A croire que l’esprit oublie, mais le corps se souvient.
A la requête d’Alex, la jeune femme acquiesça et éteint sa baguette. Ils étaient maintenant à peine éclairé, car seule restait la lumière pale de quelques lampadaires allumés, qui illuminaient à peine la rue désertée. Pendant un long moment, il y eut un silence. Que dire lorsqu’on vient de faire ce qui est probablement la plus grosse gaffe de sa vie ? Que faire, à part se maudire et souhaiter pouvoir recommencer autrement. Toujours debout, Jez’ regardait Alex, qui finit par lever le regard vers elle. Elle resta là, à regarder stupidement ses yeux noisette, qui débordaient de honte et de douleur. Les siens devaient refléter exactement les mêmes émotions. Elle était consciente qu’Alex croyait l’avoir blessée en ne la reconnaissant pas. Il ignorait cependant qu’elle se sentait tout aussi coupable que lui. Après tout, s’il ne s’était pas présenté immédiatement, elle n’aurait jamais deviné de qui il s’agissait.
L’excuse d’être pompette marchait-elle réellement dans de telles conditions ? Ils étaient tout les deux légèrement saoul. Mais peut-on réellement tout placer sur le compte de l’alcool ? N’étaient-ils pas tout autant coupable ? Alors qu’ils se connaissaient par cœur, ils avaient été incapables de voir en l’étranger devant eux celui ou celle qu’ils avaient autrefois aimé(e)...
Peut-être Alex ne l’aimait-il plus. Six ans c’est long pour rester seul, après tout. Elle ne le savait que trop bien.. Peut-être s’était-il trouvé une nouvelle petite amie. Elle ne lui en voudrait pas. Ils s’étaient séparés il y a de cela un bon moment, et il avait parfaitement le droit de s’être remis avec quelqu’un d’autre. Le fait qu’elle soit incapable de l’oublier ne concernait qu’elle ; elle n’était pas en droit d’assumer qu’il en était de même pour lui. Simplement, elle souhaitait plus que tout qu’il soit célibataire. Parce que si ce n’était pas le cas, le croiser dans les rues du Glasgow deviendrait un supplice. S’arrêter pour lui parler serait pratiquement impossible, surtout s’il était accompagné de l’élue de son cœur. Et s’il fondait une famille... Elle ne tiendrait pas. La seule solution serait de déménager.
La voix d’Alex interrompit les pensées de l’ancienne mangemort. Inconsciemment, elle rougit et se laissa glisser à côté de lui.

« Tu sais, si tu n’avais pas dit ton nom, je ne t’aurais pas reconnu non plus. Tu ne devrais pas te sentir coupable. »

Après un instant de silence, elle baissa la tête et ajouta à mi-voix :

« On est deux parfaits imbéciles, pas vrai ?

Joueur de foot. Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 22/09/2007

"On est deux parfaits imbéciles, pas vrai?"

Oui. Deux parfaits imbéciles. Enfin, non. Bon tant pis.
Gros blanc.
Que dire? Après six ans, six ans passés à penser à elle, il se retrouvait face à face avec elle. Etrange coïncidence. Il n'avait qu'une seule envie: La prendre dans ses bras. Oh et puis évidemment, poser les mains autour de sa taille, passer ses mains dans ses cheveux, sentir son parfum au creu de son cou... L'embrasser. Mais... Des années les séparaient, des années ou il avait essayé de passer à autre chose, ce qu'elle avait sûrement fait de son côté. Après tout, ils s'étaient presque séparés d'un commun accord. La distance, leurs boulots qui prenaient une place trop importante dans leurs vies...
Ils auraient dû faire quelque chose lorsqu'il était encore temps. Mais non. Et voilà, ils se retrouvaient aujourd'hui comme deux imbéciles face à face après avoir fait la plus grosse connerie de leur vie (enfin la plus grosse connerie depuis quelques temps). Super les retrouvailles....

Finalement le blondinet hocha la tête.

"Oui, imbéciles... J'te dis pas les retrouvailles..."

Peut-être qu'il n'aurait pas dû la prononcer cette dernière phrase. Après tout, c'était surtout ce qu'il pensait. Peut-être que Jez' était passée à autre chose (sûrement d'ailleurs), qu'elle avait fondé famille et avait oublié Poudlard. Après tout, souvent les amitiés d'école ne durent pas éternellement. Regardez, ils ne s'étaient pas non plus revus avec Nick depuis des années. Quelques lettres par an. Et c'est tout. Les amitiés qui durent sont celles que l'on tisse lorsque l'on est adultes, que l'on est murs, que l'on ne se laisse plus berner par des histoires d'adolescents insignifiantes. Mais bon... N'avaient-ils pas grandi plus vite que les autres. Affronter des épreuves, les surmonter, continuer à mener une existence normale... Continuer à mener une existence normale après avoir été en équilibre sur un fil d'acrobate à 50 mètres du sol, risquer de tomber, avec le public qui vous hue, vous crie de tomber, de perdre l'équilibre et de vous écraser. C'est un peu à ça qu'ils avaient été confrontés lorsqu'ils étaient adolescents. D'abord en Italie, avec Fran', et puis...
Pourtant ils s'en étaient tirés. PLus ou moins bien.
On ne peut pas aller jusqu'à dire qu'ils avaient atteind la maturité de l'âge adulte à 17 ans, mais seulement qu'ils l'avaient approchée. Alors... N'auraient-ils pas pu faire face à cette situation? N'auraient-ils pas pu garder contact, se voir régulièrement? Peut-être que tout cela était simplement révélateur d'une grande fragilité. Dans son couple avec Jez' comme dans son amitié avec Nick. Simplement.

Mais là. Face à face, finalement après des années. Non, il ne pouvait pas rester là sans rien faire. Sans savoir si elle avait un copain, peut-être qu'elle était même marié, et dans le pire des cas elle avait déjà des gosses. Enfin, non , pas le pire des cas... Il serait heureux pour elle, normal. Mais au fond de lui même... Ca lui ferait mal. Il n'aurait plus qu'à trouver une autre solution, une autre voie. Une roue de secour.

Alors il leva les yeux vers elle. Serrant légèrement les lèvres.

"Et sinon... Comment ça se passe pour toi...? Métier, amours?"

"Oui, imbéciles... J'te dis pas les retrouvailles..."
A cette remarque, Jezebel esquissa une grimace mi-sourire mi-soupir qui traduisait parfaitement les émotions mixtes qui la tourmentaient en ce moment même.
Si elle avait pu en à cet instant, se lover dans les bras d’Alex comme elle avait eu l’habitude de le faire pendant les années passées ensemble, elle y serait déjà depuis qu’ils s’étaient revus. Malheureusement, le temps efface beaucoup trop de choses pour qu’on puisse continuer ‘comme avant’. Un pont écroulé met du temps à se reconstruire. Et ce pont-là était bel et bien détruit... pour l’instant. Car la jeune femme espérait silencieusement pouvoir reprendre sa relation avec Alex. Ce jeune homme, c’était l’un des bases les plus solides de sa vie. Son deuxième amour. Moins violent, moins passionné peut-être, que l’avait été sa première relation. Mais il avait été – et était – aussi plus heureux, plus stable et plus durable. Peut-être était-ce en raison de son âge, ou de ses opinions différentes ? Peut-être était-ce leurs personnalités complémentaires ? Chaque fois qu’elle se penchait sur la question, la jeune femme ne tirait aucune réponse. Elle ne comprenait pas comment elle avait pu tomber amoureuse d’un homme que, au départ, elle avait envoyé balader. Mais bon. C’est choses là arrivent.
Toujours est-il que comme retrouvailles, il y avait mieux. Et de loin. Néanmoins, il était trop tard pour faire marche arrière. Dans la vie, on a deux choix : rester sur place, ou aller de l’avant. Et dans ces conditions, aller de l’avant était ce qu’il y avait de mieux. L’ancienne Serpentard réfléchit un instant à ce qu’elle pourrait dire, mais Alex la devança, et lui posa la question fatidique.
Qu’était-elle devenue, en six ans ? Une jeune femme bien différente de celle qu’il avait laissée ? Une personne heureuse et épanouie, qui ne manquait de rien aussi bien dans sa vie professionnelle que personnelle ? Une ancienne mangemort toujours pourchassée par son passé et qui passait maintenant ses mercredis après-midis dans le cabinet d’un psychologue pour essayer de se guérir ?
Un peu de tout, en vérité. Elle n’était plus la même Jez’ avec qui il avait dansé à un bal. Elle n’était plus celle qui avait cherché à l’éloigner d’elle ‘pour leur propre bien’. Cette adolescente maigre et farouche comme un chat à demi-sauvage n’était plus. Elle avait laissé la place à une personne nouvelle, avec des sentiments bien à elle et une façon de penser toute autre. Et pourtant... Entre ce qu’on a été et ce qu’on est, il y aura toujours un lien solide et indestructible qui, si trop tendu, risque de tout chambouler. Aussi Jez’ souhaitait-elle y aller doucement. Elle marchait littéralement sur des œufs.

"Je tiens toujours le restaurant familial, comme le voulait mon père. Et toi ?"

Oui, elle avait évité de répondre à sa question sur ses relations sentimentales. Pourquoi ? D’une, parce qu’elle ne savait pas si le jeune italien était célibataire, et de deux, elle n’aurait pas pu lui dire qu’elle n’avait personne. Celui lui aurait semblé... embarrassant. Peut-être Alex aurait-il plus de courage qu’elle ? Cela restait à voir...

Joueur de foot. Nombre de messages : 26 Date d'inscription : 22/09/2007

Et dire qu'en tellement d'années il pensait être devenu plus fort sentimentalement parlant. Il se décevait lui-même. Merde quoi! Il avait vingt-trois ans maintenant et il n'était même plus capable de faire face à une telle situation? Rencontrer d'anciennes petites amies n'était pas exceptionnel. Or là, il perdait tous ses moyens... Pourquoi? Pourquoi!
Parce que c'était Jez' face à qui il se trouvait. La personne qu'il avait tant aimé lorsqu'il était adolescent. La personne avec qui, lors de ses derniers mois à Poudlard, il envisageait de continuer sa vie. La personne avec qui, en sortant de Poudlard, il avait commencé à s'éloigner, sans aucune raison précise. En fait, il avait une idée de la raison.
Sortis de Poudlard, ils n'avaient pas encore d'idée bien précise de ce qu'ils allaient faire. Ils n'étaient que des jeunes sorciers qui avaient fini leurs études tant d'autres. Que des jeunes dans un Monde ou il faut se faire une place. Et lorsqu'une se possibilité de carrière qui nous plait s'offre à nous, il ne faut pas la lâcher mais au contraire s'y accrocher et tout faire pour ne pas se la faire filer. Et c'était ce qui leur était arrivé, ou du moins c'est la raison par laquelle il s'expliquait leur rupture. Ils avaient tous deux étaient pris par leurs carrières naissantes, s'y étaient impliqués, avaient commencé à travailler énormément... Bref, en fait il n'en savait rien.

Elle n'avait pas répondu à sa question concernant les amours. Simple oubli sûrement... Même si bon, un malaise général pesait sur la conversation.

"Je me suis réinvesti dans la foot, tu sais le sport moldu... Je joue en pro là. On vient de me transferer en Angleterre."

Il releva le visage pour croiser son regard.

"Et là je cherche un appart' pour m'installer à Glasgow. Je vis dans un hôtel pour l'instant."

Il n'avait pas non plus répondu pour ce qui était des amours, mais sachant qu'il logeait dans un hôtel, ça pouvait sembler évident. Mais bon... En fait non, il pouvait très bien vivre dans un hôtel avec une petite amie... Mais souvent quand on est en couple on se débrouille pour trouver une autre solution que celle qu'il avait adopté provisoirement... On cherche plus de stabilité.

"Je pense que je vais commencer à rentrer. Demain je bosse tôt. J'imagine qu'on va se revoir."

Le jeune homme tenta un vague sourire, maintenant il ne savait même plus comment se comporter avec elle. Bise, accolade, serrage de main, rien? De nouveau à la case départ, ça faisait bizarre après tant de bons moments passés ensemble.

» Alex.
» La cuisine ne va pas de pair avec Fynlie (PV Sean)